Le symposium interreligieux unit le Scoutisme en République centrafricaine
Le premier symposium interreligieux du Scoutisme africain s'est déroulé sur trois jours à Bangui, en République centrafricaine, du 17 au 19 mars 2023. Il a rassemblé 57 responsables scouts, représentants du gouvernement et partenaires du Scoutisme de 8 pays (Cameroun, République centrafricaine, Congo, Côte d'Ivoire, Gabon, France, Madagascar et Mali) autour d'un appel à l'unité et au rassemblement pour la paix et le bien-être de la société.
Organisé par le Centre de Soutien pour l'Afrique du Bureau Mondial du Scoutisme et accueilli par l'Association Nationale des Scouts de Centrafrique (ANSCA) qui ont été des moteurs de la promotion du dialogue pour la paix à travers leur projet « Bâtir la Paix en Centrafrique » en partenariat avec les Scouts et Guides de France dans un pays qui a connu récemment des conflits à fortes connotations religieuses.
Amorcer le dialogue
Lors de la cérémonie d'ouverture, présidée par le ministre centrafricain de la Jeunesse, l'Hon. Mbaya Alain a expliqué les bienfaits du symposium et a mis les Scouts au défi de « prendre les devants et apporter de l'harmonie dans le pays. »
« Si nous pouvons nous entendre et nous accepter mutuellement, nous vaincrons la haine et la violence. Le Scoutisme, ce sont des valeurs partagées et grâce à nos expériences et à nos échanges, nous trouverons des solutions pour faire grandir notre fraternité », a déclaré Oug-ba Ben Nafi, aumônier national de l'Association des Scouts Musulmans de Centrafrique.
Le Directeur régional, Frederic Tutu Kama-Kama, tout en décrivant la RCA comme « l'espoir pour l'avenir de l'Afrique », a rappelé aux participants que le Scoutisme vise à « créer un monde meilleur » – plus pacifique et durable – et que tout le monde doit coopérer pour atteindre cet objectif.
Abbe Capistrand, président du comité d'organisation et aumônier de l'Association des Scouts Catholiques de Centrafrique, a également rappelé aux participants que « la paix est une nécessité pour toutes les sociétés humaines et que le dialogue interreligieux peut aider à construire un monde plus harmonieux »
Partage de bonnes pratiques
Une table ronde a servi à présenter la plateforme interreligieuse existante et active en RCA, représentée par l'imam Abdoulaye Ouasselegue et l'aumônier Guy Clotaire qui ont présenté le rôle clé de cette plateforme avec leurs projets visant à aider les communautés voisines à coexister en paix. Ils ont parlé avec émotion des difficultés rencontrées récemment dans le pays et du rôle que les Scouts ont inlassablement joué dans le maintien de la paix en sensibilisant les communautés et en reconstruisant la perception des autres.
Miguel Olaverri, Archevêque de Pointe-Noire, Président de Caritas Congo Brazzaville a également partagé son expérience et l'importance des mouvements de jeunesse en tant qu'acteurs de la paix. Il a rappelé à tout le monde la force, encore plus grande chez les Scouts, de « marcher ensemble » et le rôle de l'autonomisation des jeunes, du leadership et de l'éducation à la paix pour les générations futures.
D'autres participants de l'Association Nationale des Guides de Centrafrique (ANGCA) et des Scouts et Guides de France ont respectivement parlé la façon dont ils unifient les filles indépendamment des distinctions culturelles ou religieuses et de la formation au dialogue interreligieux pour les adultes.
Renforcement des capacités en matière de dialogue
Le dialogue crée des passerelles de communication entre les personnes, les groupes et les communautés de cultures et de religions différentes afin de transformer les relations nourries par l'intolérance, les préjugés et les malentendus en relations pacifiques. Les participants du symposium ont eu l'occasion, avec l'aide du représentant de KAICIID en RCA Boris Yakoubou, d'en apprendre davantage sur le dialogue interreligieux et interculturel en redéfinissant le dialogue, en comprenant l'importance de l'écoute, de la compréhension et de la reconnaissance des différences et des perspectives d'autrui.
« Reconnaître et promouvoir le "nous" plutôt que le "eux" ». C'est ce que les participants ont démontré en échangeant ensemble sur les principes et les conditions du dialogue. Ils ont également apporté leur contribution et travaillé pour trouver les meilleurs contextes, perspectives et défis pour la mise en place du dialogue interreligieux et interculturel. Ils ont acquis des connaissances et ont réfléchi aux meilleures pratiques d'utilisation du dialogue pour transformer les conflits en situation de paix.
Dans le cadre de l'échange interreligieux, les participants ont visité la mosquée Alfarouq où ils ont été accueillis et ont participé à la prière du vendredi. Ce moment fort et émouvant a permis à tous de découvrir et de comprendre cette pratique religieuse musulmane importante. Le Scoutisme a été reconnu comme un mouvement de paix, fortement encouragé et soutenu par les responsables qui ont reçu les participants à la mosquée. Ils ont également participé à la messe dominicale à la cathédrale Notre Dame Immaculée Conception de Bangui. Les Scouts ont à nouveau démontré leur unité et leur acceptation des traditions des uns et des autres, ainsi que leur volonté de partager des moments forts et inclusifs en tant que mouvement. Ces deux échanges sont ressortis dans l'évaluation comme les meilleures expériences du symposium.
Unis pour un avenir meilleur
Le Symposium interreligieux est fondé sur les principes fondamentaux du Scoutisme que sont le Devoir envers Dieu (adhésion aux principes spirituels, loyauté envers la religion qui les exprime et acceptation des devoirs qui en découlent), le Devoir envers les autres (loyauté envers son pays en harmonie avec la promotion de la paix, de la compréhension et de la coopération locales, nationales et internationales ; participation au développement de la société dans la reconnaissance et le respect de la dignité de l'humanité et de l'intégrité du monde naturel), et le Devoir envers soi-même (responsabilité de développement personnel).
Cette première édition en Afrique s'appuie sur les valeurs partagées du Scoutisme qui continuent à rapprocher les différences et à faire de la diversité une source de force et d'énergie massive plutôt qu'une source de division et de violence. Elle a contribué au développement du Scoutisme au sein des communautés religieuses en République centrafricaine et au-delà.
À la fin, les participants se sont engagés, par une déclaration, à devenir des acteurs du dialogue et de la paix et à engager leurs communautés au-delà du symposium :
« Nous, participants au premier Symposium interreligieux du Scoutisme africain, nous engageons à œuvrer quotidiennement pour la paix et le dialogue fraternel entre les peuples, en devenant des ambassadeurs du dialogue interreligieux au sein de nos communautés.
Nous nous engageons à promouvoir l'écoute et à appliquer les principes du dialogue dans la résolution des conflits, quels qu'ils soient. Ce faisant, nous remplirons les trois devoirs du Scoutisme : envers Dieu, envers les autres et envers nous-mêmes. »
Il s'agit d'un grand pas pour le Scoutisme en Afrique, et vers un avenir meilleur où la paix et la cohésion sociale sont défendues au sein de la société.
L'accueil du symposium en RCA a contribué à rapprocher l'ANSCA de l'Organisation Mondiale du Mouvement Scout (OMMS) en réunissant les différents groupes scouts du pays et en illustrant les perspectives qu'offre le rassemblement. Cela a aidé à apaiser la crainte de perdre son identité religieuse et a permis à l'association de comprendre la nécessité de développer sa capacité à offrir un programme éducatif qui réponde aux aspirations de ses membres. Cela a également contribué à assouplir les positions des parties prenantes alors que l'association finalise sa constitution, ses règlements internes et ses politiques, conformément aux exigences de l'OMMS.
Écrit par Julie Poitevineau avec des contributions de Frédéric Kama-Kama. Publié sous la direction de Nelson Opany